Le maïs : un cycle court, une plante au potentiel énorme

Le maïs : un cycle court, une plante au potentiel énorme

Plante à tout faire aux usages multiples (grain, corn cobmix, ensilé plante entière, biogaz, biocarburants de 1ère et 2ème génération …) le maïs se caractérise d’abord par son potentiel énorme, fruit de millénaires de sélection variétale par les agriculteurs eux-mêmes puis par les sociétés semencières. Si les sociétés françaises semencières mettent des moyens considérables au service de l‘amélioration variétale du maïs, c’est en raison des grandes possibilités de progrès génétique permises par la grande variabilité génétique « naturelle » du maïs, source d’hétérosis importante dans la fabrication des hybrides. Les agriculteurs ne sont pas absents de ce processus de progrès par leur action à la fois passée et présente. D’abord parce que la moitié du progrès agricole provient des stratégies culturales mises en oeuvre par les agriculteurs eux-mêmes, mais aussi par leurs choix variétaux. Ainsi, paradoxalement, cette plante hybride que l’on doit ressemer chaque année, dépend d’abord du choix fait par l’agriculteur sur la bonne combinaison entre le génotype et les contraintes de son milieu. De plus, l’appétence des « farmers » pour les nouveautés se traduit par un turnover de plus en plus rapide du matériel génétique. Le délai entre la création des lignées puis des variétés et la mise à disposition aux agriculteurs s’est considérablement raccourci depuis 15 ans. Il contribue à l’accélération du progrès génétique et, à la progression des rendements maïs observée dans le monde. Aujourd‘hui, dans les pays où les conditions de culture sont suffisamment favorables, les rendements nationaux atteignent 10 t/ha. En 2010, le célèbre concours de rendement de la NCGA (National Corn Grower Association) le NCYC (National Corn Yield Contest) révélait des rendements de 478 bu/acre en irrigué (32.1 t/ha) et 318 bu/acre en pluvial (soit 21.4 t/ha). Rappelons aussi, puisque la biodiversité est un sujet à la mode, qu’il y a plus de variabilité génétique dans une seule variété cultivée dans une parcelle qu’il y en avait au XIXème siècle avec les populations « de pays » qui étaient cultivées avant l’apparition des hybrides dans un même terroir.

Le cycle de développement du maïs se caractérise par son intensité et sa brièveté. La mise en place et l’évolution au cours du cycle de végétation des différentes composantes morphologiques et biochimiques de la plante vont de pair avec l’évolution des différents critères de qualité, rendement, précocité, valeur énergétique.

 

Un système performant

Mais le potentiel permis par le progrès génétique provient d’abord des caractéristiques propres à la plante et à un système biochimique particulièrement performant.

Comme toutes les plantes « en C4 » (comme le sorgho et la canne à sucre) le maïs possède un système biochimique très efficace pour valoriser l’énergie solaire, assimiler le carbone et produire de la matière sèche. Il peut fonctionner en été sous des températures plus élevées que la plupart des autres plantes « en C3 » (jusqu’à 40°C) et peut continuer à fonctionner la nuit. Le cycle du maïs se compose de deux phases successives.

La première phase se situe entre le semis et la floraison-fécondation– sortie des soies, émission du pollen. Elle correspond à la mise en place des capteurs de rayonnement, de l’eau et des éléments minéraux que sont les feuilles et les racines et à l’installation des inflorescences mâle (la panicule) et femelle (l’épi). La seconde phase est spécialisée dans le remplissage des grains dont la croissance se termine par la récolte. On comprendra aussi que la vitesse de développement, la morphologie et la taille de la plante, ses composantes de rendement (1 épi par plante), laissent peu de possibilités à l’agriculteur d’intervenir en « rattrapage » pour corriger un aléa. En matière de culture de maïs, l’essentiel se joue au semis : la date et les conditions d’implantation sont des critères décisifs pour la culture mais aussi l’essentiel des coûts de production et des charges opérationnelles : choix variétal, fumure « de fonds », densité de culture, désherbage de base et protection contre les ravageurs de sol. On peut considérer qu’à partir de ce potentiel « génétique » initial, le rendement du maïs est soustractif, c’est-à-dire que les aléas de culture, climatiques, agronomiques, entament progressivement ce potentiel, et que le rendement final récolté par l’agriculteur est le résultat de cette soustraction. Ainsi, dès le semis réalisé, on cherchera à limiter l’impact des stress biotiques et abiotiques sur la culture.

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